L'église de Thorigny
Texte écrit par Etienne Meunier
L'église de Thorigny est dédiée aux saints apôtres Pierre et Paul. Cette dédicace peut dater du milieu du VIIIe siècle, quand le maire du palais Pépin-le-Bref (+768) vole au secours du Pape menacé par les Lombards. La christianisation des campagnes et l'éradication du paganisme datent de cette époque : l'édifice domine fièrement les sources de l'Oreuse.
Le sol en forte pente pourrait masquer une crypte ensevelie sous le chœur (A).
XIIe siècle
La plus ancienne partie subsistante se situe sous le clocher. Elle daterait de la fin du XIIe siècle. De nombreuses figures sont sculptées aux quatre consoles, dont un étonnant "Félix le Chat" et un homme portant sur son dos l'arrête de voûte (1).
XIVe siècle
Deux consoles gothiques de la fin du XIVe s'appuient contre les piliers orientaux du clocher (2). L'une est un animal fantastique et l'autre un personnage à bonnet et à oreilles pointues.
Une vouivre domine la chaire. Cet animal légendaire, mi-femme, mi-serpent, est associé au culte de l'eau (3).
Trouvée dans un champ, la plaque tombale d'un clerc tabellion juré de la prévôté de Sens du XIVe siècle, a été dressée sous le clocher (4).
L'église est fortifiée sans doute peu après 1360. Malgré les ordres contraires, elle prétend défendre la population contre les Ecorcheurs, soldats au chômage du fait du traité de Brétigny. De petites archères éclairent la cage d'escalier du clocher (5).
fin XVe siècle
Sous Charles VIII (+1498) Louis XII (+1515), les Thorignats reconstruisent la majeure partie de l'église :
la nef où trois clefs de voûte représentent : un empilement sur deux niveaux de personnages peints (6), le blason du couple Belleville- Villiers de l'Isle-Adam (7) et une fleur épanouie (8), le collatéral nord de la chapelle seigneuriale Saint-Nicolas devenue depuis Saint Jean-Baptiste, avec clef de voûte en forme de haute tour très ouvragée d'une église (9), le collatéral sud de la chapelle du Rosaire ou de la Vierge, où sur la clef de voûte un ange tient un rinceau où est écrit "Ave Maria" (10).
XVIIe siècle
Tombe d'un seigneur des Hazards au sol sous le clocher (11).
Construction d'une sacristie à deux étages (12).
Nicolas Lambert de Thorigny paie la réparation de la couverture de l'église et construit au couchant un portail d'ordre toscan (13). Il obtient la transformation de la dédicace de la chapelle seigneuriale. Ses armoiries à licorne figurent sur le bandeau noir qui courre sur le mur de cette chapelle ("litre funèbre") (14).
XIXe siècle
Les saccages révolutionnaires obligent à équiper de neuf l'église :
sous la Restauration : pavement, chaire (16) sous le Second Empire: six vitraux de chœur (Saints Jean-Baptiste &Joseph, Pierre & Paul, Etienne & Edme) (17), copies de deux grands tableaux d'Ingres (le Christ remettant les clés de l'église à saint-Pierre (18), et saint Jean-Baptiste baptisant le Christ dans le Jourdain offerts par l'Empereur Napoléon III (19)), plaque commémorative d'un combattant de Crimée (20). Jusqu'en 1905, ultimes embellissements autorisés : niche de la Vierge obturée vers, 1990 (21), quatre vitraux (Bonne Monique, Augustin) (22).
Voir ici le plan de visite de l'église.